Auto-édition : le bilan de la première année

L’année dernière, le weekend précédant la célébration de Noel, je vous avais donné rendez-vous dans le Berry, lieu de mes racines d’enfance, pour mes premières dédicaces. Ce jour-là, j’ai réalisé à quel point venir au contact des lecteurs donnait un sens à mon activité d’écriture. Depuis, les dédicaces se sont fait rares pour cause de crise sanitaire. Je me suis sentie un peu isolée et comme perdant la raison de ce travail de longue haleine. Le deuxième confinement m’a permis de faire un point de cette activité, sur tous les plans de ma vie.

Voici donc le fruit de mon introspection …

Pour celles et ceux qui me découvrent, j’ai publié deux livres en autoédition : deux romans de voyage et de développement personnel issus de mes propres expériences.

L’auto-édition est une branche de l’édition qui permet à tout auteur de publier lui-même ses écrits. Ce nouveau système fleurit sur le marché du livre et permet aux écrivains en herbe d’être lu et, si le succès est là, de se faire repérer par une maison d’édition. C’est très alléchant ! Et si publier est un jeu d’enfant pour les débrouillards en informatique, être lu reste la quête du Graal de tout auteur. Certains le voient aussi comme un parcours du combattant. Je dirais de mon côté que c’est un travail gigantesque très énergivore, mais qui m’a apporté beaucoup sur la connaissance de moi-même et humainement parlant. Pour le reste, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Avant de rentrer dans le cœur du sujet, je ne voudrais pas oublier de préciser que si c’était à refaire, je recommencerais sans hésiter ( avec le fruit de mon expérience que j’ai acquise cette année de préférence 🙂 )

Pour mieux comprendre les éléments de ce bilan, prenez note que je ne suis partie de rien. Je n’avais aucune compétence en édition, ni en informatique et aucun bagage littéraire. Seulement une envie folle de partager mes écrits ! J’ai du donc apprendre à faire, sortir de ma zone de confort, solliciter l’aide de professionnels et apprendre de mes propres expériences ! Il est à noter aussi que l’épanouissement de cette aventure a été contrarié par l’arrivée d’un micro-virus. Des dédicaces et des salons auxquels j’étais inscrite annulés, donc une perte de revenus et de visibilité non négligeable. Comme il s’agit de mon premier bilan, je n’ai aucun comparatif à fournir. J’avance en aveugle, mais dans la confiance, guidée par des sources invisibles.

Voici donc les stratégies que j’ai déployées cette première année et leurs avantages / inconvénients.

Se lancer

Au moment de me lancer dans ma première publication, j’ai suivi les conseils d’Anaïs Weibel, autrice elle aussi auto-éditée. En faisant des recherches sur la toile, j’ai été dirigée sur son site : Vivre de ses romans et j’avoue que le titre m’a immédiatement enchantée. Je rêvais à l’époque de pouvoir vivre de mes écrits, ou du moins de compléter mes revenus. Elle y partage ses stratégies que j’ai suivies rigoureusement grâce a son ebook Les 7 fondamentaux pour vous auto-éditer et vivre de vos romans.

Au démarrage, je n’avais aucun budget et aucune envie d’investir, ni de faire un emprunt pour des revenus incertains sachant que cette activité devait être un bonus, et non une charge financière supplémentaire.

En voulant me protéger d’un éventuel risque de perdre, j’ai misé sur la sécurité et opté pour la gratuité dans toutes mes démarches. Ainsi, j’ai finalisé mon manuscrit avec l’aide de mon conjoint et des bêta-lecteurs. Ma belle-sœur m’a proposé de réaliser la couverture. J’étais ravie de voir l’engouement de mon entourage pour m’aider à réaliser mon rêve. Tout a été fait maison et s’est naturellement déroulé, sans résistance. La voie s’ouvrait, pour mon plus grand bonheur.

Une fois prête à publier, j’ai opté pour la plateforme Amazon qui était très intuitive et entièrement gratuite. J’ai choisi de publier deux versions : numérique et papier. Moi qui étais anti-Amazon pour mes achats, j’ai dû revoir ma copie… Les avantages que cette plateforme m’offrait correspondaient parfaitement à la situation dans laquelle j’étais à l’époque. Entre deux lieux de vie et sans aucune épargne, je ne pouvais pas stocker de livres chez moi, ni avancer les frais d’impression. L’option  » imprimeur  » a donc été rayée de la liste d’office. L’impression à la demande que proposait Amazon se révélait parfaitement adapté à mes besoins du moment. D’autant plus qu’en tant qu’auteur, nous pouvions aussi commander des livres au coût de l’impression pour les revendre lors de salons ou de dédicaces. Sans compter que cette plateforme pouvait me donner une visibilité qu’aucune autre plateforme ne peut égaler (triste réalité).

Mettre des stratégies de communication en place

Le gros inconvénient de l’auto-édition reste la promotion de son livre. Publier, c’est bien. Être lu, c’est encore mieux, non ? Là aussi, tout a été fait maison. Pour se faire connaitre, il faut déployer une énergie incroyable. Rechercher des lieux de dédicaces, contacter des radios locales, obtenir des points de dépôt-vente, démarcher des bibliothèques, etc. À l’époque, je vivais en Lozère et j’étais assez isolée. Je savais que j’allais partir m’installer en Bretagne d’ici quelques mois, alors j’étais mitigée à l’idée de développer un réseau sur place. Cependant, je restais fixée sur mon objectif de conquérir de plus en plus de lecteurs et j’ai conçu ce mind-map pour centraliser mes idées de communication :

Du fait de mon isolement, j’ai privilégié les réseaux sociaux. J’ai eu l’idée de monter un teaser, une vidéo de présentation, pour diffuser sur la toile. Après un premier essai chaotique, je me suis tournée vers un professionnel, aussi un ami. La diffusion de cette vidéo sur Facebook n’a pas été à la hauteur de mes attentes. J’ai eu recours plusieurs fois à des boosts de publications payantes ( les fameuses publications « sponsorisées « ), organisé des concours pour faire connaitre le livre, mais à chaque fois j’étais très déçue du peu de diffusion de mes publications.

Arrivent ensuite mes premières dédicaces. Passé le stress de la première heure, j’ai vite compris l’intérêt de présenter physiquement ce livre pour le faire connaitre au grand public. Les échanges, les liens tissés et les encouragements m’ont redonné force et espoir. J’avais enfin retrouvé le sens à cette démarche de publication.

Deux mois après la sortie de mon premier livre, j’ai eu l’incroyable opportunité de créer mon site d’auteur grâce à une formation d’Anaïs Weibel qui tombait vraiment à pic (lien ici). En plus de partager connaissances en construction de site de manière rigoureuse et professionnelle, elle m’a apporté un bon nombre d’outils très intéressants comme « canva« . En un mois, j’ai terminé la configuration de mon site et d’une boutique en ligne. Mes livres étaient donc enfin disponibles à la vente par mes propres moyens.

L’arrivée en Bretagne début janvier 2020 a été très prometteuse. J’ai trouvé facilement des librairies prêtes à m’accueillir en dédicaces, des points de dépôt-vente, des radios pour des interviews et le Salon du livre de Vannes qui m’ouvrait ses portes. Tout était bien parti, jusqu’à l’arrivée de ce micro-virus qui a tout chamboulé sur son passage. Le seul point positif du confinement, c’est qu’il m’a permis de terminer mon deuxième roman, la suite de La voix qui ne ment jamais.

J’ai gardé les mêmes stratégies, mis à part que j’ai fait appel à un correcteur professionnel. J’avais cette fois-ci la logistique et les finances pour passer par un imprimeur, mais il n’a pas pu réaliser exactement le même format de mon premier livre. Comme il s’agissait d’une trilogie, j’ai préféré garder l’impression Amazon pour que les deux livres restent fidèles dans leur présentation. Par ailleurs, j’ai démarré la publication d’une newsletter.

Le temps des récoltes

Alors, vous attendez les résultats avec impatience, les voici :

Les lecteurs

La voix qui ne ment jamais, Ouverture est très prometteur puisqu’à ce jour, 271 ventes ont été réalisées, donc au moins 271 lecteurs conquis. Les ventes numériques sont de l’ordre de 25 %, ce qui m’incite donc à continuer la version Ebook.

Pour le tome 2, De l’ombre à la lumière, publié en juin 2020, je recense 82 ventes, dont 34% en version numérique. Rapporté à l’année, je suis bien en dessous des ventes du tome 1, ce qui ne devrait pas être le cas.

Les ventes se répartissent globalement ainsi :

Conclusion : je vais concentrer mon énergie sur les dédicaces et pérenniser les points de vente physiques. Je conserve la boutique en ligne qui est une bonne option pour les lecteurs ne voulant pas commander sur Amazon et qui souhaitent une dédicace.

Les outils de communication

À ce jour, voici mes stratégies mises en place. Elles sont classées en fonction de celles qui fonctionnent le mieux en premier, puis les moins bénéfiques.

  • Rencontres / dédicaces : 8 réalisées depuis décembre 2019.
  • Points de dépôt-vente : 12 ( librairies / maisons de presse / salon de thé )
  • Site et boutique en ligne : bonne visibilité pour démarcher des librairies, éditeurs. Possibilité de dédicacer mes livres pour les lecteurs et de les recontacter en cas d’offres promotionnelles. En contrepartie, très énergivore à la conception et à la rédaction des articles pour faire vivre le site !
  • Amazon : impression à la demande très avantageuse. Option exclusivité sur Amazon me permet de mettre mes livres en prêt et d’obtenir des redevances par page lue. Promotion livre gratuit intéressante car fait grimper le nombre de ventes et donne de la visibilité. En revanche, la promotion « count deal » n’a eu aucun impact sur mes ventes puisqu’elle intervient sur le marché amzon.com et pas amazon.fr. Par ailleurs, je n’ai toujours pas percé le mystère du fonctionnement d’Amazon en terme d’offres promotionnelles 😉
  • Newsletter : 30 inscrits à ce jour. Fréquence d’une par mois, contrairement à deux par mois au départ qui me prenait beaucoup de temps. Objectif : gonfler cette newsletter lors des prochaines dédicaces et arrêter de poser une date fixe pour me redonner la liberté d’écrire quand l’inspiration est là.
  • Facebook : poursuite de publications pour informer mes lecteurs déjà abonnés. Arrêt des publications boostés qui n’ont aucun impact sur la venue de nouveaux lecteurs. Jeux-concours moins fréquents pour mieux « marquer » l’évènement. Live de lecture en direct à reconduire.
  • Presse/radios : 3 passages à la radio locale. À poursuivre, car publicité gratuite, mais impossible de connaitre les impacts de ces interviews.
  • Bibliothèques : pas encore eu le temps de proposer mes livres.
  • Concours d’écriture : Les Plumes francophones / participation à un concours de nouvelles Au féminin ici.
  • Flyers avec un code promo sur ma boutique : aucune vente par ce biais pour le moment
  • Réunir tome 1 et 2 dans un coffret à un prix très accessible : quelques ventes, mais au final n’est pas intéressant pour la rentabilité financière.

Voici quelques exemples de promotion en images :

Et les finances dans tout ça ?

Le calcul de la rentabilité est primordial avant de se lancer dans cette belle aventure. Malheureusement, je m’en rends compte seulement maintenant, après plus d’un an d’activité. Le calcul du prix ne doit pas se faire à la légère. Il doit être calculé selon plusieurs critères définis à l’avance. Seulement, je n’avais pas encore tous les éléments lors de la publication de mon premier roman. J’ai déterminé le prix en fonction de mon ressenti. Je voulais un tarif accessible à tous. Dans le jargon économique, je me suis tiré une balle dans le pied ! Avant de vous révéler mes chiffres, voilà les éléments à prendre en compte pour calculer le juste prix :

  • le cout de réalisation (correcteurs, relecteurs, graphistes pour couvertures, etc.)
  • le cout de l’impression ( varie du simple au triple selon l’imprimeur)
  • le cout de la remise des librairies ( de 20 à 30 % )
  • les couts pour la diffusion : hébergement du site / webmaster / flyers / teaser / publicité Facebook, édition de marque-pages, etc.
  • les charges sociales selon le statut (12,6 % pour moi en tant que micro entreprise) et les impôts.

Donc, par exemple pour un livre comme le mien à 12,99 euros, il ne me reste que 3 euros nets. C’est dire combien deux euros, voire trois euros de plus double la rentabilité. D’autant que pour l’acheteur, cela ne fait pas une si grande différence. À l’inverse, cela peut même me desservir. Puisque le prix bas peut donner l’impression que la qualité est médiocre, ce qui n’est pas le cas vu l’investissement de temps et de travail réalisé.

Voilà pourquoi en terme de rentabilité, j’arrive avec un petit chiffre de 700 euros pour deux années de travail à temps plein (dont une année passée à écrire avant publication). Petit tarif accessible à tous = petite rentabilité. J’imagine donc que si j’avais fait appel à des professionnels pour réaliser les différentes tâches que j’ai réalisées moi-même, je serais perdante à ce jour. Autant dire que pour un complément de revenus, l’objectif que je m’étais fixé à la base, je suis loin du compte.

Ce que je retiens de cette expérience

La plus belle richesse que j’ai acquise tout au long de cette année est l’incroyable aventure humaine. Ce que je retiens, ce sont les messages en privé des personnes qui ont lu mon livre et qui m’ont témoigné une immense gratitude. Ce sont les échanges lors des dédicaces, les sourires des enfants qui passent et les incroyables rencontres et amitiés qui en découlent. Xavier et son chemin de Compostelle. Catherine et notre échange passionné sur le travail de guérison transgénérationnel et toutes les belles choses que nous avons partagé.

De plus, je retiens que tout est possible, tant que l’on garde la foi en son projet. Cela m’a redonné confiance en la vie et sur le fait que j’étais guidée en permanence par une force qui dépasse l’entendement. J’ai réalisé la puissance qui était en moi pour sortir de ma zone de confort et continuer à apprendre. J’ai réappris l’humilité, le lâcher prise et la patience. Tant qu’il y avait des déceptions, il y avait aussi des apprentissages. Quand il n’y avait plus d’inspiration, il était temps de faire une pause. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec le tome 3.

Depuis la sortie du tome 2 en juin, je n’ai pas eu la moindre envie de réouvrir une page pour continuer. Je me demandais même s’il y allait y avoir un tome 3 finalement. Ce n’est que depuis quelques jours que l’inspiration m’est revenue, que les personnages ont frappé aux portes de mon esprit et m’ont dicté des scènes, des dialogues et des images pour terminer cette trilogie.

J’apprends donc que forcer et faire plaisir aux autres peut vraiment nous desservir. Cela me rapproche encore davantage au plus près de ma voix intérieure, à l’écoute de mes ressentis et de mes intuitions. Cela me force à mettre de coté la commerciale en moi, et retrouver l’équilibre entre la cheffe d’entreprise qui veut faire fleurir son activité et le femme inspirée qui aspire à une liberté totale.

Nous respecter en incarnant nos valeurs dans tous les domaines de nos vies reste la tache la plus salutaire à réaliser. Un long chemin, mais qui vaut vraiment la peine d’être parcouru.

Je rends ma plume pour cette année, une pause bien méritée. Dans une semaine, nous changerons d’année. De cap même je l’espère. L’ère de la transformation et du changement est en route. J’espère que ce bilan pourra vous aider à mettre en place des changements dans vos vies, pour plus d’alignement pour ce que vous êtes, pour qui vous êtes.

Prenez soin de vous,

Namaste,

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